• 36- Transsibérien, un peu, beaucoup, à la folie

    Previet cher lecteur!

    Nous te prions de nous excuser pour l'interruption momentanée de notre programme, en effet, obtenir une connexion internet suffisante pour charger nos photos relève en ce moment de la gageure, à l'heure où je t'écris, une fenêtre du possible vient de s'ouvrir sous mes doigts alors que je menaçais d'abandonner la rédaction de ce post, comme quoi il existe un bon Dieu de l'internet.

    Reprenons où nous en étions restés.

    Irkoutsk, 6H du matin. Pas une voiture dans les rues. L'hôtel dans lequel nous passons une nuit est complètement désert. Nous avons réservé un taxi à 6H30 pour nous emmener à la gare, j'avoue qu'on flippe un peu qu'il n'arrive jamais! Contre toute attente, il est à l'heure!

    Nous arrivons à la gare avec notre chargement, que je pourrais appeler cargaison, et qui commence à nous peser: nos 4 grosses valises, 2 petites (dont ma nouvelle jaune que je ne quitte plus des yeux), 3 sacs à dos, nos sacs à main, et la poussette canne qu'on se trimballe depuis les Etats Unis pour rien vu que Cannelle préfère marcher.

    Première étape, et pas des moindres: trouver notre train. La dame au guichet nous indique vaguement avec sa main où il se trouve. Par chance, la gare d'Irkoutsk est petite, et on le trouve du premier coup! 

    Moment d'émotion, car emprunter cette ligne mythique est vraiment un rêve de gosse! (précision: le transsibérien n'est pas un train, mais une ligne).

    36- Panne de wifi

     

    Nous avons choisi de voyager en seconde classe, c'est-à-dire la classe intermédiaire, qui offre des cabines de 4 couchettes: 2 en haut, 2 en bas. Il y a aussi la première classe, qui a des cabines de 2 couchettes et un petit air de l'orient express, et la 3eme classe, où Russes et Chinois s'entassent de chaque côté d'un long couloir dans des couchettes superposées.

    36- Panne de wifi

     

    Comme tu peux le constater, c'est de la moquette par terre, moquette qui finira par me dégoûter au point que je ne poserai plus une chaussette dessus! Je t'expliquerai pourquoi plus tard. Dans notre wagon, c'est un chinois qui s'occupe de notre bien-être. Romu est déçu, car ça aurait pu être une femme russe. Manque de bol, on a eu le chinois pas souriant. Nos rapports avec lui se limitent à quelques éructations pour nous indiquer où sont les toilettes, et qu'on est bien dans le bon train. Nos voisins sont également chinois, 2 hommes d'un côté, un homme de l'autre, 2 femmes un peu plus loin, et un couple avec un bébé. 36- Panne de wifi

    36- Panne de wifi

     

    Dans chaque wagon, il y a un samovar, qui est cette bonbonne d'eau brûlante chauffée par un feu de bois. C'est assez surprenant, de voir un feu de cheminée dans un train, d'ailleurs il nous asphyxie un peu, on renifle des relents de Zip pour barbecue...

    Notre cabine est cosy, bien qu'étroite, mais heureusement on parvient à placer tout notre bazar dans des coffres astucieusement disséminés sous les couchettes, et à l'étage. Ca nous rappelle mister White, nous, les espaces confinés, on kiffe!

    36- Panne de wifi

     

    Avant de partir, on a fait nos réserves dans la mini-supérette d'Irkoutsk: soupes lyophilisées, pâtes chinoises, fruits, gâteaux de toutes sortes et sûrement remplis d'huile de palme (heureusement pour ma conscience, impossible de déchiffrer huile de palme en russe). Nous allons voyager durant 3 jours, on suppose donc que la bouffe pourra nous aider à faire passer le temps. On fait malgré tout de grosses erreurs d'interprétation: ce que nous prenons pour des compotes (sur la photo au-dessus) sont en réalité des confitures, nous voilà donc avec 3 kilos de confiotte, wesh wesh...

    En plus, l'eau que nous avons choisie est pétillante à l'insu de notre plein gré, ce qui fait que Cannelle risque de mourir de soif durant le voyage. 

    36- Panne de wifi

    36- Panne de wifi

     

    Heureusement, une dame russe passe devant nous avec un panier rempli de vivres. On lui demande avec des gestes si elle a de l'eau plate, elle nous répond "Welcome" et nous donne la carte du menu. J'ai peut-être trop de seins pour qu'elle ait compris le geste "plate".

    Romu dégaine sa super appli qui traduit en russe, et la dame nous indique que nous pourrons trouver de l'eau au wagon restaurant. Elle repasse devant notre cabine pour nous dire "welcome" et nous redonne le menu. On lui dit "ce soir" car on vient de s'enfiler nos soupes lyophilisées.

    A son troisième passage, troisième welcome et troisième menu, on comprend qu'on est les seuls touristes du wagon, et qu'elle veut absolument que nous dépensions nos roubles dans le wagon restaurant. Nous y allons donc pour acheter des bouteilles d'eau. Elle nous redonne le menu, que nous refusons. Cela la contrarie, elle revient avec un panier rempli de cochonneries. Pour ne pas la froisser, on choisit un twix, un thé et un café. Ca la déride et elle me dit que je suis beautiful. On va être copines, je le sens.

    36- Panne de wifi

    36- Panne de wifi

     

    Dans le train, à part manger, se promener entre les wagons, bouquiner, jouer, dormir... Il n'y a pas grand chose à faire. Si, on peut reculer le moment où on va finir par ouvrir la porte des chiottes et maudire le fait d'être tombé sur un chinois éructant au lieu d'une douce mama russe fée du logis. Je pense que ce chiotte russe résume à lui tout seul mon horreur des toilettes publiques. C'est petit, c'est crade, ça pue. Nous y ferons des passages éclair, mais nous nous retiendrons la plupart du temps...!

    36- Panne de wifi

     

    Nos voisins chinois nous gonflent car ils fument comme des pompiers. Ils vont pourtant entre les wagons pour s'allumer leur clope, mais les odeurs arrivent directement dans notre cabine. C'est l'horreur, on a l'impression d'être en boîte de nuit du temps où fumer y était encore autorisé! En plus, ils allument clope sur clope. On n'ose pas secouer notre chinois éructant pour qu'il leur dise de calmer le rythme. La voisine s'y met aussi, c'est un calvaire!

    La journée se passe en mode contemplation, le train s'arrête de temps en temps, et nous arrivons à la frontière mongole dans la soirée. Des officiers russes débarquent dans notre wagon. Ils fouillent tout: ils démontent les radiateurs, font tout sortir, regardent dans les placards, dans les valises. Ils sont très désagréables, limite chéfaillons, malgré leur jeunesse. On est loin de mon beau légionnaire.

    Ensuite, le même cirque recommence avec les officiers mongoles, et le train semble secoué de toutes parts, on se demande ce qu'ils fabriquent. Ca dure des plombes, en tout, on est restés arrêtés 5 heures pour passer la frontière! On se couche épuisés et on dort comme des bébés, bercés par le doux ronronnement du train.

    36- Panne de wifi

    36- Panne de wifi

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    Les paysages de Mongolie sont assez monotones, j'ai de vagues réminiscences de mes cours de collège, steppe, taïga, je ne saurais dire qui est quoi, mais en tous cas, à part des troupeaux de chevaux et des yourtes, il n'y a pas grand chose d'intéressant durant la traversée. On décide de ne pas s'arrêter à Oulan Bator, ce qui nous aurait obligés à prendre d'autres billets de train. Et puis, on commence à se sentir bien dans notre petit cocon puant la clope.

    Au passage, on se rend compte que le wagon restaurant a été changé! Ma copine russe n'est plus là, elle a été remplacée par une serveuse mongole, et le décor est clairement baroque! Les secousses du train étaient donc dues au changement du wagon restaurant. Tout est prévu dans les moindres détails pour une complète immersion...

    36- Panne de wifi

    36- Panne de wifi

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    J'espérais que dans la foulée, notre animateur chinois éructeur aurait été lui aussi remplacé par une douce fée du logis mongole, qui aurait nettoyé de fond en comble nos odorantes toilettes durant la pause de 5 heures. Il n'en fut rien. Nous retrouvâmes nos chiottes aussi nauséabondes qu'en Russie. Bien qu'un petit coup de serpillière grisâtre eût quand même été passé, rendons à Cesar ce qui lui appartient. Je ne peux m'empêcher de penser que lorsque nous pataugeons dans la mare qui macule les toilettes, nous marchons ensuite sur la douce moquette du couloir en y transportant tous les miasmes pourris que nous trimballons sous nos semelles. D'où le dégoût qui fera que je ne pourrai très vite plus voir la moquette en peinture.

    Deuxième journée de voyage. On continue de s'occuper, le pire c'est qu'on ne s'ennuie pas. On n'a pas encore attaqué les 3 kilos de confiotte, preuve que nous ne manquons de rien. Vers 21 heures, le train s'arrête: nous arrivons à la frontière sino-mongole. Le manège des douaniers recommence, sauf que cette fois ils laissent nos bagages tranquilles. Ils ont même le sourire.

    Après quelques heures d'attente, le train entre dans un hangar. Il faut changer les essieux! Les rails séparant la Mongolie de la Chine n'ont en effet pas le même écart, obligeant donc à changer les roues pour qu'elles puissent s'adapter aux nouvelles dimensions. Ca paraît ubuesque, mais l'opération est bien rodée, même si elle prend 4 heures de plus, durant lesquelles on ne peut pas bouger de sa cabine!

    36- Panne de wifi

     

    Il est une heure du mat, Cannelle s'est endormie sans faire pipi ni se laver les dents, une fois n'est pas coutume!

    Dernière nuit dans le train, nos voisins chinois ne sont plus là, et la voisine n'a plus de clopes, on dort enfin sans fumée.

    Notre chinois éructant se livre à un trafic de bouteilles d'alcool avec ses comparses, on les voit passer, les bras chargés de cartons qu'ils rangent dans la cabine de nos ex voisins. On espère ne pas se retrouver embarqués dans une histoire à la midnight express...!

    Le matin, on se lève en pleine forme, on replie les draps et les couvertures, la moquette immonde est roulée (je ne sais pas si elle sera nettoyée avant le passage des suivants), la serpillière grisâtre est au garde à vous devant les toilettes. 

    Nous garderons de belles images de ce voyage hors du temps, durant lequel nous avons appris la patience, la méditation, la contemplation, de bonnes barres de rire, et les toilettes crasseuses.

    Welcome! In China!

     


  • Commentaires

    1
    Pascaline
    Samedi 18 Novembre 2017 à 17:21
    Quelle aventure les amis
    Merci pour ce long post Fred
    2
    kiki
    Dimanche 19 Novembre 2017 à 07:19

    encore une fois, excellentissime.

     

    3
    Mag & Huggy
    Mardi 28 Novembre 2017 à 11:23

    Fred,est vraiment un régal de te lire.

    Merci de nous faire vivre l'aventure.

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